Provocation

Provocation

New York.
Entrée de Central Park, à l’intersection de la 90th et de la 5th.
Avec ma mère nous attendions patientes et transies les lèves-tard pour la 2ème partie de matinée 
Assises sur un banc, bercées par le flux de biodiversité new-yorkaise.
Une ribambelle de mini-tabliers rouges vichy défile soudain devant nos yeux hypnotisés.
Ce doit être l’heure de la sortie d’école.
Le touriste extra-continental qui est en nous se retrouve plongé dans un film américain.
Est-ce là notre lot de consolation pour avoir descendu toute la 5th avenue sans avoir croisé une seule fois Woody Allen ?…

La discipline des petits costumes contraste bien vite avec l’espièglerie débordante d’une petite blondinette et de sa « jumelle » brune.
C’est fou tout ce qu’il y a comme trésors incroyables cachés dans l’herbe.
Nous on avait même pas remarqué, on doit être trop hautes.

Le froid, les 300 déclenchements dans les doigts et 14km dans les pattes de notre première partie de matinée sont maintenant oubliés ; la tentation est… PHOTOGRAPHIQUE.
Réflexe de survie : je cherche d’autres regards braqués sur elles… les fillettes sont tout de même en pleine voie publique…
La voie est libre. Rien qui ne ressemble à des parents soucieux de leur progéniture en liberté.
Je sors donc l’arme suprême : le D800 armé de son objectif le moins discret : le 70-200mm.
Confiante dans son stabilisateur, je zoome à fond pour ne pas perdre une miette de ce qui se trame en face.
Pourvu qu’on m’ait oubliée – je me concentre à fond pour finir de fusionner avec le banc.
Toujours faire semblant de regarder ailleurs. Puis braquer la vraie cible avec l’objectif.
Priorité ouverture à 2.8 pour isoler au mieux mes 2 petits sujets et flouter cette foule environnante – je ne peux pas me permettre de bouger de mon banc sous peine de me faire repérer et finir mes jours en prison.
Les petites filles comparent les pouvoirs magiques incroyables des leurs batons respectifs…
Un caniche géant entre en scène. Les frisettes de la tête canine ne sont en effet pas loin d’atteindre de la petite barrette rouge de notre tête blonde, même du haut de la marche du trottoir.
C’est le délit de faciès. Ce pauvre chien qui n’a rien demandé se fait poursuivre sans autre forme de procès et moquer ouvertement de façon totalement assumé.

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